Les 10 conseils pour réussir sa première exposition
(sans paniquer)
Faire sa première expo, c’est autant de plaisir que de questions.
J’ai donc rassemblé dix conseils testés, vécus, parfois appris à mes dépens, pour te donner quelques clés afin de construire, organiser et présenter ton travail de manière claire, efficace et aligné avec tes choix artistiques…
1. Préparer sa série
Voir large, au plus tu auras d’images au plus tu seras libre et impactant dans tes choix d’images.
Attention, en avoir beaucoup, ça veut aussi dire potentiellement écarter les meilleures ou tes préférées. Il vaut mieux mettre peu d’images percutantes que de vouloir TOUT montrer. On peut vite noyer le regard du spectateur.
2. Être ouvert et pertinent dans sa sélection.
Une exposition, ce n’est pas simplement réunir ses meilleurs clichés, mais transmettre une intention forte, un message clair. Le rythme est essentiel : tu peux alterner les formats pour créer du dynamisme, ou au contraire les uniformiser pour renforcer la cohérence. Tout dépend du propos que tu souhaites faire passer.
Pose-toi les bonnes questions : les photos sélectionnées servent-elles réellement ton propos ? Chaque image doit avoir sa raison d’être dans l’exposition. Une sélection cohérente est avant tout une sélection percutante.
Si ton expo sert un propos fort, tu as tout gagné : les visiteurs pourront mieux comprendre ton travail, l’apprécier pleinement et être sensibles à la cohérence de ta sélection.
Une partie de ma sélection pour Impressionism, Résonances, à la Galerie Porte B.
3. Trouver son papier et pour ça faire des tests !!
Baryté, mat, satiné, brillant, métallique, on recense plusieurs centaines de papiers photos variés avec chacun leur spécificité, il faut prendre le temps de trouver chaussure à son pied et de trouver la perle rare qui donnera un propos juste et profond à vos images.
Sur un projet très plastique, moderne, on pourrait préférer un papier brillant tandis que sur un projet plus personnel, quelque chose de plus doux comme un papier mat
Un autre détail à regarder est le grammage. Il ne se limite pas à l’épaisseur : il influe aussi sur la rigidité du tirage et sur la manière dont l’image se présente dans l’espace. Un papier plus dense donnera une présence plus affirmée sur le mur et mettra mieux en valeur les détails et les contrastes. Tu peux te diriger vers des papiers photo classiques (mat ou brillant) ou vers des papiers fine art (texturés, coton, aquarelle, Hahnemühle Photo Rag, Rag Satin, Somerset, Museo…), qui offrent une incroyable diversité de rendus et de sensations visuelles.
L’idéal est de faire tirer les mêmes images sur plusieurs papiers : voir, toucher, comparer. C’est souvent là que se produit la révélation.
4. Passer par un labo (si possible)
Avoir le regard d’un ou d’une expert.e permet de plonger dans la matérialité du papier. Ajuste les tirages pour leur donner le plus de puissance possible
Le labo peut surtout s’assurer que les couleurs imprimées correspondent exactement au fichier d’origine, ce qui peut varier selon le papier, le type d’imprimante ou le format choisi. Il peut aussi ajuster les réglages techniques d’impression pour que chaque nuance reste fidèle à ta vision, notamment si tu changes de support ou de finition. Même une petite discussion avec un ou une spécialiste peut éviter des erreurs coûteuses et t’ouvrir des pistes créatives auxquelles tu n’aurais pas pensé.
Il existe d’ailleurs plusieurs méthodes d’impression possibles, chacune offrant un rendu particulier :
D’abord, le tirage argentique : réalisé par exposition de lumière sur du papier photo sensible. C’est un rendu très doux, riche, avec une profondeur particulière et un grain propre au procédé. Ensuite, il y a le tirage jet d’encre fine art, c’est la solution la plus répandue pour les expositions contemporaines. Elle permet une grande précision, une large gamme de papiers (mat, baryté, texturé, etc.) et un contrôle très fin des couleurs.Pour finir, l’impression offset : souvent utilisée pour les catalogues, livres ou séries imprimées en quantité. Elle donne une très belle homogénéité et reste économique pour de plus grands volumes. Ce n’est pas un procédé d’art au sens strict, mais il peut être pertinent si tu souhaites diffuser ton travail dans une autre forme (catalogue, poster, édition d’artiste).
Selon ton projet, ton budget et l’effet recherché, un labo pourra t’aider à déterminer quelle technique sert le mieux ton propos. L’important, c’est d’expérimenter et de ne pas hésiter à poser des questions
5. Réfléchir au support !
On imagine souvent l’exposition avec des cadres noirs classiques, des passe-partout blancs et des tirages traditionnels, mais le support peut prendre des milliers de formes : impressions sur tissu, sur papier peint, sur plexi transparent… N’hésite pas à jouer avec la matière et le format pour raconter au mieux ton sujet et t’adapter aux espaces. L’important est de choisir un support qui renforce ton propos
Pense aussi aux dimensions et aux détails : une petite image dans un très grand cadre, un choix de vitre ou non, des formats variés… Tout peut devenir un outil narratif si tu l’utilises à bon escient. L’idée est que chaque décision (matière, format, cadre) participe à l’expérience du spectateur et raconte quelque chose de précis sur ton travail.
6. Penser sa scénographie en amont.
Prendre des mesures concrètes et faire un modèle en 3D. Une expo, ça ne s’imagine pas : c’est un coût, une présentation, et il faut être sûr de soi et des formats que l’on choisit de montrer. Ce travail en amont évite les mauvaises surprises et facilite grandement l’accrochage.
Cela permet aussi de gagner du temps le jour J et d’être plus efficace, puisque tout aura été pensé en amont. On peut ainsi anticiper plus facilement les placements et l’installation des différents éléments de l’expo.
Penser sa scénographie, c’est également réfléchir à la déambulation, aux points de vue, aux zones d’éclairage, et donc au parcours du visiteur. C’est se mettre à sa place pour lui offrir une expérience fluide et cohérente.
7. Accrocher
C’est un peu la partie la plus manuelle du projet : prévois un niveau, un marteau, des clous, des éponges magiques, un stylo… et la route de l’accrochage est à toi.
Essaye toujours d’avoir des amis pour t’aider dans ces moments, et surtout un regard de confiance qui pourra te guider dans la mise en forme de ton travail.
Veille à bien connaître le type de mur sur lequel tu vas accrocher, afin de choisir le matériel adapté : les clous, chevilles ou crochets diffèrent selon la surface. Cela t’évitera d’abîmer les murs et te permettra d’assurer une fixation propre et solide.
8. Organiser un vernissage
Prévois un moment de qualité pour l’ouverture de ton exposition. Fais un visuel d’invitation, prépare une liste d’e-mails, et n’hésite pas à rêver grand : envoie des invitations aux personnes que tu aimerais vraiment toucher, même si cela te semble ambitieux. Et surtout, prends le temps de faire des mails personnalisés pour celles et ceux dont la présence compte particulièrement pour toi : ça fait la différence.
Envoie les invitations suffisamment tôt pour laisser aux gens le temps de s’organiser. Tu peux aussi tenir un petit tableau (ou une note dans ton téléphone) pour noter les réponses : oui, non, pas de réponse. Cela te donnera une idée de la fréquentation, même s’il faut garder en tête qu’il y aura toujours des personnes qui viendront sans jamais avoir répondu, c’est très courant, donc ne t’étonne pas si le jour J il y a plus de monde que prévu !
Le jour J, ça va être intense mais incroyable. Prépare une petite table avec de quoi accueillir les visiteurs (boissons, collations), et garde ton portfolio à portée de main pour celles et ceux qui souhaiteront discuter plus en détail de ton travail.
Le vernissage, c’est autant un moment de célébration qu’un moment de rencontres donc profite du moment à fond !
Des images du vernissage de mon expo Impressionnisme Résonnance à la galerie Porte B; ©Eugénie Clément @eugenie_photoart
9. Communiquer
Présenter ses images, c’est top ; faire venir du monde pour les voir, c’est encore mieux. Et c’est là que la communication joue un rôle essentiel. Sur tes réseaux, organise un planning avec des contenus pensés avant et pendant l’expo : teasers, coulisses, détails d’œuvres, dates clés… Prépare ton affiche et fais des annonces réfléchies et percutantes.
N’hésite pas non plus à contacter les médias locaux qui pourraient être intéressés par ton projet. Pour cela, prépare un communiqué de presse simple, clair et bien structuré, qui présente ton travail, tes intentions, et les informations pratiques de l’exposition. Pense aussi au catalogue pour les personnes potentiellement intéressées par l’achat de ton travail.
Et surtout, n’hésite pas à relancer les personnes vraiment importantes à tes yeux : parfois, un petit message de rappel peut faire toute la différence !!!
10. Faire vivre
L’exposition, ce n’est pas que le vernissage c’est aussi tout ce qui va graviter autour, n’hésite pas à profiter pleinement de toute la durée de ton exposition pour faire des visites, rencontres, une fois que ça sera décroché… C’est trop tard.
Le lancement de l’exposition est tellement intense qu’il peut parfois prendre toute l’énergie et l’attention mais il faut impérativement garder cette effervescence tout au long de l’exposition.
Pour cela, tu peux organiser des moments dédiés où tu rencontres ton public, que ce soit à travers des sessions de commentaires, des discussions plus approfondies ou des visites guidées où tu racontes ton intention et ta manière de travailler. Ces rendez-vous créent un lien direct avec les visiteurs et donnent une nouvelle profondeur à ton exposition.
Il est aussi possible d’aller plus loin en organisant des lectures d’images, des ouvertures de portfolio ou des rencontres thématiques si le sujet de ton exposition s’y prête. Ces occasions permettent d’explorer ton univers artistique de manière plus intime et d’offrir aux visiteurs une expérience unique. Enfin, tu peux imaginer des temps plus personnels, comme des dîners, des réceptions ou des visites privées pour des invité.e.s particuliers, qu’il s’agisse de professionnel.le.s, de journalistes, de collectionneurs ou simplement de personnes dont l’avis compte vraiment pour toi.
©Eugénie Clément @eugenie_photoart
Conseil Bonus
Conseil Bonus
Fonce voir des expos. Ça te permettrait d’avoir beaucoup de références, d’idées, de scénographies en tête. Voir la diversité des expos en musée, galerie, etc… Ça t’offre la possibilité de mieux saisir les enjeux et les formats de présentation.
Et si tu as envie d’aller plus loin, j’ai aussi écrit un article sur le sujet : 10 expos que je conseille d’aller voir, en espérant que ça te donnera des idées et de l’inspiration !
